La théorie de l’attachement dans les relations de couple
La théorie de l’attachement est basée sur le besoin universel de contact. Le lien d’attachement prépare l’enfant à la société dans laquelle il va évoluer. Toutes modifications de ces liens influencent le développement de la personnalité, particulièrement pendant l’enfance et l’adolescence. Selon Siegel, les modèles de relation et de communication émotionnelles affectent directement le développement du cerveau. Les liens de couple s’établissent en fonction des types d’attachement qu’on a développé à l’enfance.
Avant de décrire les différents styles d’attachement, il est important d’expliquer le trauma. Le trauma est une expérience qui a été encapsulée dans le système nerveux et dans la mémoire, celui-ci nous est en général inaccessible. Les traumas avec « T » majuscule peuvent être des accidents, des expériences choquantes et inattendues, des catastrophes naturelles ou d’autres événements chocs. Ils sont beaucoup plus faciles à identifier et à guérir. Les traumas avec « t » minuscule sont ces petits gestes que nous recevons ou que nous ne recevons pas et qui ont un impact de manière traumatique, par exemple le mépris ou le manque de réponde à ses souffrances ou lors de la recherche de l’aide on trouve l’agression. Ces traumas sont souvent silencieux et très difficiles à détecter, car ils sont encapsulés. Selon Cristina Salvia, ces traumatismes vont configurer les différents styles d’attachement.
L’attachement est le lien affectif que l’enfant établit avec son « caregiver » (la mère, le père ou autre personne qui prend soin de lui), dont la fonction est d’assurer sa sécurité (Bowlby, Winnicott, Ainsworth). Les liens les plus importants se font depuis l’état fœtal jusqu’aux 18 premiers mois. À l’adolescence, le « caregiver » peut encore rattraper une partie de son comportement pour améliorer le style d’attachement de l’adolescent (Dr. Rafael Benito Moraga).
Styles d’attachements
Les styles d’attachement vont bien au-delà des relations que nous établissons. Ils sont liés à la capacité que nous avons à réguler : notre anxiété, notre stress, à mettre des mots sur ce qui nous arrive, à faire preuve d’empathie. Selon le style d’attachement, on aura un type de vie propre à chacun (Cristina Salvia). Les styles d’attachement et ses conséquences selon la méthode Aleceia et d’autres auteurs sont résumés ci-dessous :
Style d’attachement | Caractéristiques des « caregiver » | Peurs | Conséquences | Dans la vie adulte | |
Sécure | Sécure | Répondent aux besoins physiques et affectifs de l’enfant. Créent un lien sécure. | Faibles | Positif, confiance aux autres, stable, expérimente ses émotions. | Apprend à réguler ses émotions, ses peurs. Relations relativement stables et durables. Réceptif aux demandes, autonome, sait chercher de l’aide. |
Insécure | Anxieux ambivalent | Répondent aux besoins des enfants de manière imprévisible mais suffisamment pour donner de l’espoir à l’enfant. | De l’abandon, de la solitude, du rejet | Sacrifie son être véritable. Echanges ambigus colère/angoisse. Cherche puis repousse. | Cherche désespéramment la connexion pour avoir une relation. Insécure, dépendant, hyper vigilant, anxieux. |
Evitant | Sont froids, s’occupent des besoins physiques mais pas des besoins affectifs. | De l’intimité et de sa vulnérabilité | Sacrifie ses besoins affectifs, difficultés à exprimer ses émotions. Evite les contacts. | Détaché des émotions et de la sexualité, centré dans le faire. Renfermé et obéissant. Développe l’aide compulsive. | |
Isolé | Sont contrôleurs, surprotecteurs, invasifs | D’être envahi, d’être contrôlé | Maintient son vrai moi en privé. Crée des rôles sociaux. | Introverti, n’exprime pas ses ressentis. | |
Désorganisé | Négligents-prédictifs, punitifs. Très souvent abuseurs et violents | De l’abus, de la sécurité | Craintif, confus, solitaire. Absence de cohérence. Evitant / ambivalent. | Comportements incomplets non dirigés. En détresse mais incapable de demander de l’aide. Risque de problèmes du comportement ou de santé mentale. |
Les styles d’attachement ne constituent pas une condamnation à vie. Comme le cerveau est « modelable », nous pouvons passer d’insécure à sécure avec un travail thérapeutique.
Il y a plusieurs facteurs qui influencent le développement de différents styles d’attachement :
- Le comportement du « caregiver » envers l’enfant, c’est un facteur très important
- Le comportement du bébé, à travers des gestes, des mouvements et des bruits qu’il utilise pour chercher le lien. Cela est inné dans chaque enfant.
- La transmission intergénérationnelle. Le traumatisme et les problèmes relationnels non résolus des « caregiver », vont interférer dans la réponse qu’ils donnent à l’enfant, par l’usage et/ou l’abus de pouvoir (Cristina Salvia, Assumpta Junyent)
Les styles d’attachement et le couple
Les relations verticales « caregiver » – enfant influencent la façon dont se forge l’expérience relationnelle de l’intimité du couple. Adulte, dans une relation intime, inconsciemment, le corps va chercher des expériences qu’il a déjà vécu dans le passé. La première expérience très intime est liée aux premières relations « caregiver » – enfant, ainsi que les expériences de plaisir et d’affection, de se sentir accepté, d’être aimé inconditionnellement, de se sentir reconnu, de la proximité physique, d’être ensemble, etc.
Ces souvenirs ou expériences déjà vécues (positifs ou négatifs) ressurgiront lorsque l’adulte vit en couple. Selon Cristina Salvia, un peu plus de 50% de la population a un style d’attachement sécure. Un quart est évitant/isolé et l’autre quart restant est distribué entre anxieux-ambivalent et désorganisé.
Exemple de style d’attachement entre partenaires :
Sécure-sécure : couple heureux, chacun prend soin de soi et d’autre, ils se soutiennent mutuellement.
Sécure-anxieux et sécure-évitant/isolé, sont aussi de bonnes combinaisons, car autant l’anxieux comme l’évitant/isolé peuvent avoir une bonne expérience relationnelle de couple avec le sécure (vital pour eux), aussi ils peuvent évoluer, s’il y a une volonté propre, pour développer un style plus sécure.
Anxieux-évitant/isolé, très typique, qui entraine beaucoup de souffrances. Cette relation peut parfois durer des années. Le grand problème est que l’évitant fuit l’intimité et l’anxieux cherche l’intimité.
Quoi faire ?
Le premier pas est de reconnaître son style d’attachement et de voir qu’il est possible d’évoluer. Nous pouvons expérimenter différents styles d’attachement face à : son partenaire, son chef, ses parents, le voisin etc. Nous pouvons ensuite ressentir le style d’attachement nous convenant le plus.
Le deuxième pas sera de partager le vécu du premier pas en couple sans critique ni conseil, pour avancer ensemble. Personne n’est coupable ou responsable de son style d’attachement. Nous sommes par contre responsables d’évoluer ou de rester inactifs, en connaissance de cause. Il est important de se demander durant un conflit, si ce que j’attends de l’autre appartient au passé ou au présent. Très souvent nos attentes envers notre partenaire peuvent être attribuées aux attentes de notre enfant intérieur. Il sera important de guérir cette période de vie.
Il y a plusieurs méthodes qui peuvent aider à évoluer à devenir sécure. Le Brainspotting (« La direction de votre regard influence la façon dont vous vous sentez »), le EMDR, la Psychokinésiologie selon Réal Choinière, la méthode Aleceia, entre autres, peuvent aider à sortir du trauma. Ces méthodes permettent de regarder le passé avec empathie et compassion, et de faire un travail de guérison, guidé par ses sensations corporelles.
Durant la thérapie il est important que le passé puisse émerger pour pouvoir l’observer, le guérir et valider ses effets positifs sur notre vie.
Le but de la thérapie sera de se libérer des souffrances et des angoisses, d’accéder à l’autonomie et d’être capable d’avoir des liens positifs pour devenir sécure.